Il y a 4000 ans les chinois ont beaucoup disséqué afin de comprendre le corps humain. L’objectif entretenir le corps (médecine préventive) et le soigner ‘médecine curative). L’observation de chaque os, chaque trou osseux, muscles, fascias mais aussi organes des sens, organes vitaux a permis de donner un nom à chaque point (il y a autant de points que de jours dans l’année). Ces noms, emplis de sens, furent choisis en fonction de leur localisation mais aussi de leur action sur le corps.
Quelques exemples de noms de points
Le 20ème et dernier point du méridien du gros intestin se situe sur le visage. Il est quasi collé à l’aile du nez. Il se nomme « Ying Xiang », sa traduction française est « reçoit les parfums » , quel joli nom, il y a tant d’évocations… :-). Le nom de ce point est une indication fondamentale pour le thérapeute car il fait référence à la localisation proche de l’orifice du nez mais aussi à son action désobstruante pour une meilleure olfaction. Un autre exemple (avec un point que j’affectionne particulièrement) « Zhu Bin ». C’est le point du beau bébé :-), le 9ème du Méridien Yin du Rein. Sa traduction française est « construction pour l’invité » ! On imagine bien l’intention et le cœur attendri et aimant du thérapeute au moment où il pique ou masse Zhu Bin…
L’intention devient l’essentiel
Dans cette poésie, le nom de chaque point est une véritable évocation. Le thérapeute doit maîtriser le nom chinois de chaque point et a minima le vocabulaire chinois (je vous renvoie vers le site de Yamei Lu parler-le-chinois.com ). Au moment où il pique, où il masse, où il chauffe, où il disperse, où il nourrit, l’intention de soin du thérapeute est capitale. La clarté de son Esprit et de son intention primordiale. La concentration du thérapeute doit être au plus haut niveau, la même attention que s’il était les 2 pieds au bord d’un gouffre ou face à un loup… L’énergie, l’attention et l’intention transmise à la main par le cerveau sera le gage du résultat.
Quelques exemples de classification des points par nom (cette liste n’est pas exhaustive) :
– les points « porte »:
Porte se dit « Men » en chinois, il y a 20 points « Men » en médecine traditionnelle chinoise. Prenons « Yun Men », la porte des nuages, c’est le 2ème point du méridien du Poumon. Le Poumon est l’ organe qui conduit le Qi du ciel à l’interieur du corps, il est celui qui respire. Le Poumon nécessite une belle énergie pour assurer ses fonctions… Yun veut dire nuage. Ce nuage s’il fait trop chaud sortira par la porte et la sécheresse arrivera dans le corps (syndrome Yang) s’il pleut et fait trop froid l’humidité pénétrera dans le corps par la porte et le rendra douloureux (syndrome Yin). Le thérapeute pourra alors compter sur Yun Men pour l’aider dans son soin.
– les points « mer » :
Mer se dit « Hai » en chinois.. Il existe 6 points mer. Hai c’est la mer avec tout ce qu’elle évoque, sa grandeur voir son immensité, son abondance et sa fraicheur. Qi Hai est un point mer! C’est le 6ème point d’un merveilleux méridien, le Ren Mai. Ce point rassemble comme l’indique son nom le QI. Le thérapeute pourra faire appel à ce point pour un patient fatigué (qui manque de QI) après un diagnostic précis (je vous renvoie à mon article sur les Ba Gang https://invulnérablesetheureuxparlamedecinechinoise.com/les-ba-gang-8-regles-pour-etablir-un-diagnostic-en-medecine-traditionnelle-chinoise/
– les points « lumineux » :
Se dit « Tai » en chinois. Il existe 5 points Tai et « Tai Bai » en fait partie. C’est le 3ème point du méridien de la Rate. Tai évoque le lumineux, le grandiose et la pureté. « Bai » c’est la blancheur qui correspond en médecine traditionnelle chinoise au mouvement métal (le poumon). Mais Bai c’est aussi la localisation de ce point là où commence la chair blanche (à la jonction chair rouge/chair blanche sur le côté du gros doigt de pied). Le thérapeute peut compter sur ce point pour nourrir la pureté et la blancheur éclatante du poumon, organe supérieur fragile car le plus proche de la sortie.
nota bene : Le poumon peut être comparé à une montagne blanche, pure et humide. La cigarette, en MTC, apporte au poumon exactement l’inverse de son image à savoir la noirceur du goudron, l’impureté et la sécheresse 🙁
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Les Ba Gang sont les 8 règles qui permettent d’établir le diagnostic en médecine traditionnelle chinoise. Ba en chinois veut dire 8 et Gang dans ce contexte veut dire ‘les lois », « les règles ». Ce bilan est un long échange entre le patient et le praticien. Tous les thèmes de la vie sont abordés et ce bilan peut parfois même paraitre inquisiteur. On y parle bien sur des signes et symptômes du patient mais aussi de son « ciel postérieur » (entendre par ce terme après sa naissance) à savoir son lieu de vie, ses habitudes, ses amis, sa famille, ses émotions, ses repas, ses urines, ses selles, sa vitalité ou sa fatigue, sa sexualité… et de son « ciel antérieur » ( avant la naissance) à savoir ses parents, ancêtres, antécédents familiaux, habitudes familiales etc…
Chaque mot, chaque détail, chaque parole sera classé selon les Ba Gang – les 8 règles de la Médecine traditionnelle chinoise qui sont :
lefroid – le chaud le vide – la plénitude l’interne – l’externe leYin – le Yang
1ère et 2ème règles des Ba Gang en médecine chinoise : La localisation interne/externe
Interne se dit en langue chinoise LI et externe se dit BIAO. Le Biao est la surface du corps à savoir la peau, les cheveux, les muscles, les méridiens ainsi que les voies respiratoires. Le Li est tout ce qui n’est pas Biao, os, moelle, sang etc… Cette importante localisation indique au praticien le stade de l’évolution de la maladie et son origine. En règle générale les maladies Li sont souvent plus anciennes et devenues chroniques . Lorsque la maladie évolue du Biao vers le Li c’est un signe d’aggravation, si elle évolue du Li vers le Biao c’est un signe d’amélioration et la guérison peut être proche.
3ème et 4ème règles des Ba Gang : la nature froid/chaud :
En chinois froid se dit HAN et chaleur de dit HE Si on combine selon les Ba Gang ces 4 premiers principes : La chaleur et le froid peuvent donc être externes ou internes Un froid externe sera climatique, température, pluie, neige, climatisation…comme un rhume par exemple Un froid interne pourra provenir de l’alimentation , crudités, glaces, hydratation à l’eau glacée etc… comme lors d’une mauvaise digestion par exemple mais aussi de bien d’autres facteurs. Une chaleur externe sera climatique, comme un coup de soleil lors d’une canicule Une chaleur interne pourra être alimentaire, émotionnelle, virale… ces listes ne sont pas exhaustives
Le froid…
nota bene : Ces 2 « pervers » (c’est le terme que l’on utilise en Médecine traditionnelle chinoise pour les facteurs climatiques) froid et chaleur proviennent aussi très souvent de l’hygiène de vie du patient.
5ème et 6ème règles : le combat vide/plénitude :
Le vide se dit XU en langue chinoise et la plénitude SHI Ce vide / plénitude est le combat entre système de défense (qui en MTC est l’énergie correcte Zheng Qi) et le « pervers » (l’énergie perverse le Xie Qi) qui attaque. Les vides comme les plénitudes peuvent être de causes congénitales, émotionnelles mais aussi d’hygiène de vie, d’excès sexuels, d’alimentation, de surmenage etc…
Pour illustrer ces 6 premières règles on peut combiner par exemple : – une plénitude / chaleur / externe lors d’une canicule
ou une plénitude / chaleur / interne lors d’un choc ou une forte émotion Dans ces 2 cas il faudra donc : vider la plénitude (se dit en MTC disperser) et rafraichir la chaleur depuis la localisation du pervers
7ème et 8ème règles : la synthèse Yin et Yang :
Une fois les 6 premiers états définis, une synthèse est établie pour élaborer le diagnostic et déterminer si le syndrome est Yin ou Yang (voir mon article « Yin et Yang le grand principe : tout les oppose mais indissociables ») Le Yin et le Yang sont avec les 3 trésors («Shen – Qi – Jing : Les trois trésors ») les principes de base de la médecine traditionnelle chinoise.
l’interne Yin et l’externe Yang
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La Médecine Traditionnelle Chinoise est principalement connue en France et en Europe grâce à l’acupuncture cependant le système de soins est beaucoup plus vaste. Les premiers écrits des différentes techniques utilisées par les chinois datent d’il y a 4000 ans et, même si cette médecine ne fait pas partie de notre cadre de référence, il faut savoir qu’elle est utilisée quotidiennement par 30% de la population de notre terre. Les chinois, qui considèrent le corps comme un Empire (cf mon article : le corps cet Empire) établissent un diagnostic selon 8 règles (cf: article mon article les BA GANG) afin d’identifier la racine de la maladie et ainsi décider du choix des techniques de traitement qui seront utilisées pour traiter le patient.
Nota bene : Il est important de savoir que l’acupuncture n’est pas systématiquement utilisée
CES OUTILS SONT :
1) La moxibution : En chinois cette technique s’appelle « Jiu Fa »,, elle vient du nord de la Chine, là où les hivers sont plus rigoureux. Le principe est de réchauffer puisque l’on utilise l’Artemisia Vulgaris (Armoise) qui a le pouvoir de chauffer à 670° sans brûler le patient. De nombreuses techniques spécifiques à chaque pathologie existent à savoir avec des bâtons de moxa, des cônes ou de l’armoise en poudre. L’Armoise est utilisée en usage externe et interne, en préventif comme en curatif.
2) Les ventouses :En chinois cette technique s’appelle « Ba Guan Liao Fa ». Le concept est une stimulation mécanique exécutée avec une ou plusieurs ventouses (il existe des ventouses de différentes tailles). Le but est de faire sortir les toxines du corps, d’expulser le pus, de diminuer les gonflements, d’éliminer l’humidité (on en utilise désormais pour la cellulite) mais aussi d’arrêter certaines douleurs en massant (technique de la ventouse baladeuse se fait avec de l’huile de massage).
3) L’acupuncture : Plus connue en France et en occident, l’acupuncture à pour principe de donner une information au corps plus en profondeur grâce à des aiguilles introduites sur des points situés eux mêmes sur des méridiens. Ces aiguilles sont de tailles et de forme différentes en fonction du résultat attendu.
4) Le Tuina : C’est un massage thérapeutique, une trentaine de techniques (en chinois se dit « Fa ») de massages existent avec des mouvements oscillants, de percussions, de rotation… Ces massages ont pour finalité de faire circuler le Qi et d’ôter la douleur
AN fA mouvement de pression
5) Le Qi Gong : En langue chinoise le mot « QI » veut dire énergie et le mot « Gong » veut dire travail/labeur ; le Qi Gong est donc le travail de l’énergie. Selon la Médecine Traditionnelle Chinoise, la libre circulation du Qi dans le corps est primordiale pour une bonne santé aussi la pratique quotidienne du Qi Gong fait partie du système curatif mais également préventif de santé en Médecine Traditionnelle Chinoise.
Afin d’illustrer mes propos, je vous propose une métaphore : Imaginons une rivière et surtout imaginons le Qi comme étant l’eau fraiche et scintillante qui coule dans cette rivière. Soudain une grosse pierre est jetée au milieu de la rivière et le cours de l’eau est perturbé, dévié, puis viennent s’agglutiner autour de cette grosse pierre, des feuilles, des petits cailloux, des grains de sables et tout autre particule créant des stagnations et des solidifications autour de la grosse pierre bref la libre circulation n’existe plus…Voici une obstruction voir une stagnation de Qi, facile à comprendre non ;-)!
Nota bene : En MTC la seule solidification dans le corps est le fœtus, toute autre forme de solidification est pathologique.
6) La pharmacopée :Formules savantes de plantes, de carapaces d’animaux et autres poudres transformées chimiquement, la pharmacopée suit le patient au long court, elle est à prendre quotidiennement pendant les traitements. Le diagnostic doit être extrêmement fin et affûté, car tout comme une erreur de médicament en médecine occidentale, cela peut produire l’inverse de l’effet escompté.
carapace des tortues étaient utilisées en pharmacopée
7) La diététique : Elle est principalement utilisée en prévention. L’homme aux rythmes de la nature et des saisons ( les 5 éléments). La médecine traditionnelle chinoise prônera des légumes à racine l’hiver (ça tombe bien se sont ceux qui poussent en cette saison 😉 tels potimarrons et choux et des fruits et légumes juteux au printemps et en été pour nous rafraichir et ça tombe encore très bien ;-))
l’enracinement… l’hiver
8) La méditation / la respiration : Connues en France et Occident sous de nombreuses formes ( cf https://www.pgiraud.net/ )les méditations en Médecine Traditionnelle Chinoise, peuvent tenir compte des saisons, des organes, des couleurs et de toutes les facettes des 5 éléments. Aussi, l’hiver par exemple nous pratiquerons Na Qi, c’est à dire une respiration jusque dans les 2 reins sans oublier de les teinter d’un bleu magnifique tel un ciel étoilé et lumineux la nuit 🙂
méditer, respirer
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